Focus sur Turn : Washington’s Spies, la série historique de la chaîne AMC basée sur les exploits d’Abraham Woodhull, espion patriote pendant la Guerre d’indépendance des Etats-Unis. Tout un programme !

 

Turn Washington's SpiesTurn : Washington’s Spies est une série américaine diffusée depuis le 6 Avril 2014 sur la chaîne AMC et créée par Craig Silverstein, déjà à l’origine de Nikita et de Terra Nova. Son scénario est inspiré du roman Washington’s Spies D’Alexander Rose et traite principalement, comme son nom l’indique, d’espionnage. L’histoire nous plonge dans l’Amérique de la fin du 18e siècle, et plus précisément en automne 1776 alors que les treize colonies, jusque-là britanniques, viennent de faire sécession en déclarant l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique quelques mois plus tôt. Sacré background !

Le héros ici, c’est Abraham Woodhull, un fermier d’une petite ville de l’Etat de New York du nom de Setauket. Un fermier pas comme les autres, puisqu’il sera au centre d’un des plus incroyables réseaux d’espionnage de l’histoire des Etats-Unis : le « Culper Ring ». Sans spoiler, je peux vous dire que cette organisation fut créée par le colonel Benjamin Tallmadge, une ami d’enfance de notre brave Abe, dans le but d’envoyer des informations au général George Washington himself sur les activités britanniques à New York. Prometteur sur le papier, mais je fais toujours attention aux productions historiques américaines qui ont tendance à sacrément massacrer le matériel d’origine.

 

Pour être honnête, je suis allé vers cette série un peu à reculons, par peur d’être déçu. J’ai attendu la fin de la deuxième saison pour m’y mettre, comme je le fait souvent (J’aime bien faire ça pour les formats d’une dizaine d’épisodes car on rentre vraiment dans l’intrigue, les personnages commencent à se nuancer, bref on se fait une vrai idée). Et finalement, ce fût une très bonne surprise ! Mais pourquoi donc ?

 

Turn Jamie BellTout d’abord, un des gros points forts de la série c’est sa fidélité historique. Les scénaristes ont réalisé un gros travail d’écriture et de recherche. J’ai comparé ce qui se passe dans la série et la réalité de l’histoire : Les personnages principaux ont tous existé et les intrigues sont basées sur des faits avérés et chronologiquement bons, et ça, ça me plaît ! Certains passages sont bien évidemment romancés, les traits de caractère des personnages et leurs discussions sont en grande partie crées de toute pièce, mais c’est tout à fait normal. Déjà parce que c’est une série, ensuite parce qu’il faut étirer une intrigue sur 10 heures de temps par saison en se basant sur des récits historiques courts et souvent peu détaillés. Ajoutez à cela des décors crédibles, des costumes de qualité et aucun anachronisme notables dans le comportement et la façon de parler des protagonistes et vous obtenez une immersion réussie chez nos amis patriotes d’outre-Atlantique. C’est par exemple bien mieux réussi que la production de la chaîne History «Sons of Liberty» qui nous promettait une plongée dans le monde des pères fondateurs de la nation et qui nous a finalement livré une vision ridicule des personnages (Samuel Adams en jeune trentenaire contrebandier mode Assassin’s Creed, qui s’enfuit en sautant de toit en toit, alors qu’en vrai il était plus proche du philosophe cinquantenaire bedonnant que du Indiana Jones de Boston).

 

En ce qui concerne la réalisation, malgré un turnover constant d’épisode en épisode à la direction, on note ici une vraie continuité dans les choix artistiques et dans le traitement de l’intrigue. C’est propre, parfois académique, mais ça sert toujours son sujet. Les péripéties de nos espions en herbe nous tiennent en haleine sans problème et le découpage des épisodes ne laissera personne en chemin (à l’inverse, par exemple, de la saison 3 de Vikings et ses intermèdes psychédélico-religieux qui cassent complétement le rythme). Bref c’est classique mais c’est ce qu’il faut pour que l’ensemble reste lisible. Le contexte historique et le scénario se chargent de créer l’originalité du format et ça me va. Bon, c’est vrai que les scènes de batailles sont ridiculement cheap et on sent le manque de moyen. Mais ce n’est pas ce qu’on attend de Turn. Je propose à ceux qui souhaitent se gaver de scènes épiques avec des milliers de figurants de compléter leur plongée dans cette Guerre d’indépendance avec une petite soirée cinéma devant The Patriot ou même devant le moins connu Révolution de Hugh Hudson avec Al Pacino.

 

Turn acteursCôté casting, c’est de grande qualité. Mention spéciale pour l’acteur principal Jamie Bell. Sa performance m’a vraiment enthousiasmé. Je ne connaissais pas vraiment son parcours après qu’il se soit révélé en tant que Billy Elliot dans le film éponyme, chose que je vais corriger. Pour vous dire, il m’a presque donné envie d’aller voir le film Fant4stic dans lequel il campera le rôle de Benjamin Grimm alias La Chose (Bel exploit, car la franchise des 4 Fantastiques est celle que j’aime le moins dans l’univers Marvel). Autour de lui, des acteurs convaincants comme Heather Lind que j’aime particulièrement dans son rôle d’Anna Strong, ou Daniel Henshall et Seth Numrich, respectivement Caleb Brewster et Benjamin Tallmadge. Belles prestations également de Ian Kahn et Owain Yeoman qui font des George Washignton et Benedict Arnold tout en mâchoire et en charisme. Seul petit bémol cependant : Je trouve que du côté anglais, certains personnages sont un peu caricaturaux. Si le jeu d’acteur de JJ Feild en John Andre est bon, je suis moins fan du traitement du Major Edmund Hewlett (Burn Gorman) que je trouve parfois un peu ridicule, et du grand méchant John Graves Simcoe, un personnage trop monomaniaque et violent pour être réel (une sorte de fils spirituel de Thor Gundersen (Christopher Heyerdahl) pour ceux qui suivent Hell on Wheels).

 

Conclusion : Au final, Turn est une très bonne surprise en ce qui me concerne. J’y trouve ce que je suis venu chercher : une reconstitution historique de qualité, une intrigue qui se tient, et des personnages travaillés. Visuellement très belle, cette production se démarque car elle nous plonge dans une atmosphère sombre et tendue. Je conseille vraiment cette série aux passionnés d’histoire, notamment celle des Etats-Unis, ainsi qu’aux amateurs de récits d’espionnage. Son seul réel point faible : son générique étrange, habillé d’une musique insupportable et qui peut spoiler si on est attentif.

 

La série a été renouvelée le 15 juillet pour une troisième saison de dix épisodes, et ça c’est évidemment une bonne nouvelle !

 

La Bande-annonce de la saison 1 :