Retour sur le carton cinématographique de l’année 2015. Manipulations génétiques, parc à thème et dents tranchantes !

 

Soyons clairs tout de suite, Jurassic Park fait partie de mes films favoris. Sans exagérer, je dois le regarder au moins 3 fois par an et je connais chaque détail et chaque réplique sur le bout des doigts. C’est donc un euphémisme de dire que j’attendais Jurassic World avec impatience. J’ai donc décidé d’être le plus complet possible pour vous donner mon sentiment sur le film et c’est pour cela que j’ai attendu la fin de son exploitation en salle pour en parler. Pour commencer cet article, j’aimerais d’abord m’intéresser aux origines de la saga, histoire de bien mettre mon avis en perspective.

 

Il était une fois Jurassic Park

Logo Jurassic ParkJurassic Park est un film d’aventure/science-fiction sorti le 11 juin 1993. C’est le fruit de la collaboration entre deux hommes : Steven Spielberg, déjà le réalisateur le plus connu du monde à l’époque, et l’écrivain Michael Crichton. Car oui, tout le monde ne le sait pas mais Jurassic Park est une adaptation d’un roman paru en 1990. C’est même plus complexe que ça, puisque le développement du film a commencé avant que le livre ne soit publié et que Michael Crichton a été engagé pour contribuer au script. Je vous laisse d’ailleurs découvrir le travail de cette figure du cinéma, qui a notamment créé la série Urgences que vous connaissez tous. Ce projet pharaonique, porté par Universal Pictures, a demandé plus de deux ans de préproduction, un travail de réécriture fastidieux et la mise au point de techniques de tournage et de post-production inédites, pour un total de plus de 63 millions de dollars. Colossal pour l’époque.

On connait tous l’histoire de Jurassic Park, mais pour ceux qui vivent dans une grotte ou qui n’ont jamais eu envie de voir le film (on fait tous des erreurs) je vais me faire un plaisir de vous la résumer. Jurassic Park, c’est la vision du PDG de la puissante compagnie InGen, John Parker Hammond. Parvenu à donner vie à des dinosaures grâce à des manipulations génétiques, il a pour projet de développer un parc d’attractions basé sur ses créations, sur une Tricératops Jurassic Parkîle au large du Costa Rica. Pour pouvoir l’ouvrir au public, il est forcé par ses actionnaires à obtenir l’aval d’experts. Il décide donc d’organiser une visite en avant-première avec Alan Grant et Ellis Sattler, un paléontologue et une paléobotaniste reconnus, et Ian Malcolm, un mathématicien passionné par la théorie du chaos. Pour les accompagner, John Hammond convie également ses petits-enfants, Tim et Alex. Hollywood oblige, la ballade ne se passe pas comme prévue, puisqu’une tempête tropicale éclate et qu’un informaticien corrompu par une entreprise rivale, Dennys Nedry, en profite pour couper les systèmes de sécurité afin de voler des embryons de dinosaures. Le début du cauchemar pour nos chers amis, qui tenteront tant bien que mal de rester en vie parmi des gros lézards affamés.

Pari gagnant : le film est une réussite commerciale historique, avec une recette totale s’élevant à plus d’1 milliard de dollars à ce jour. Les 3 Oscars (meilleurs effets visuels, meilleur son et meilleur mixage de son) sont presque anecdotiques, tant l’impact de Jurassic Park est ailleurs. C’est un monument du cinéma qui a marqué toute une génération, une référence de la pop culture, un « must know » du geek par excellence. C’est culte tout simplement. Pourquoi ? Parce que Jurassic Park, c’est une histoire incroyable, fantasme chimérique qui interroge et fascine, des personnages charismatiques à l’image d’Allan Grant et de Ian Malcolm, des scènes mémorables comme celle du verre d’eau, une bande originale incroyable composée par John Williams et des effets spéciaux magnifiques, mélanges d’animatroniques et T-rex Jurassic Parkd’images de synthèse, qui ont inspiré la réalisation de la prélogie Star Wars de George Lucas ou du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson, rien que ça! C’est aussi le renouveau des dinosaures : T-rex, Velociraptors, Tricératops, Brachiosaures… Spielberg a réussi à fasciner tous les enfants de la planète et à faire de ces immenses bêtes oubliées, les choses les plus cool au monde. Comment ? Notamment en investissant dans une campagne marketing de 65 millions de dollars sans précédent, avec plus d’un millier de produits dérivés : jouets, vêtements, jeux vidéo, documentaires… Clairement, on a tous eu un jour un t-shirt, un pyjama, une casquette ou un autre objet de la franchise chez nous. Une vraie marque à part entière.

En 1997 sort Le Monde perdu, la suite de Jurassic Park. On y retrouve le personnage de Ian Malcolm au centre d’une histoire plus complexe, de nouveau concoctée par Michael Crichton. Ambitieux, le film est une réussite commerciale mais ne se hisse pas au niveau de son prédécesseur. Les dinosaures sont plus nombreux, les morts aussi, mais certains ne retrouvent pas le frisson et la tension du premier, malgré quelques scènes d’anthologie (Le T-rex à San Diego par exemple). Un troisième film verra le jour en 2001, sobrement intitulé Jurassic Park 3. Spielberg n’est plus aux manettes et le résultat est décevant. Un divertissement sans relief ni profondeur.

 

De Jurassic Park 4 à Jurassic World

Logo Jurassic WorldMalgré l’annonce d’une quatrième production en 2002, rien de concret ne voit le jour. Au départ, Spielberg voulait que Joe Johnston, le réalisateur du troisième film, soit aux manettes de Jurassic Park 4 et que William Monahan, connu pour son travail sur Kingdom of Heaven ou Les Inflitrés, en soit le scénariste. La sortie est envisagée pour 2005 et Sam Neil est contacté pour reprendre son rôle d’Allan Grant. Mais les phases de réécriture s’éternisent et le projet tombe à l’eau. En 2008, Michael Crichton nous quitte et beaucoup de fans y voient le signe de la fin de cette saga mythique. Mais en 2011, Spielberg annonce l’ébauche d’un nouveau scénario et des perspectives de sortie à 3 ans. La délivrance arrive finalement en 2013, avec l’officialisation du film par Universal Pictures. Colin Trevorrow est annoncé aux commandes et c’est le début de beaucoup de spéculations, de débats, mais aussi d’inquiétudes. Car Trevorrow est à l’époque un inconnu qui a à son actif un unique long-métrage du nom de Safety Not Guaranteed, qui n’a rien d’une grosse production. Rick Jaffa, Derek Connolly et Amanda Siler sont là pour l’épauler sur le scénario et le projet abandonne rapidement le nom de Jurassic Park 4 pour celui de Jurassic World, qui est annoncé comme une nouvelle saga conçue pour être déclinée en plusieurs films. Amblin Entertainment, Legendary Pictures et Universal Pictures sont à la production et le budget alloué est de 150 millions de dollars.

Indominus Rex Affiche Jurassic WorldL’annonce du synopsis ne rassure pas les fans, loin de là ! C’est même la panique chez certains qui voit en Jurassic World un nanar en puissance. L’histoire prend place vingt-deux ans après les événements de Jurassic Park, sur la même île d’Isla Nublar. InGen est maintenant aux mains de Simon Masrani, qui a réalisé le rêve de John Hammond avec l’ouverture d’un gigantesque parc d’attractions de dinosaures. Pour continuer à captiver les milliers de visiteurs, les chercheurs du parc ont mis au point une nouvelle créature : l’Indominus rex. Le rôle principal est confié à Chris Pratt, un acteur qui, à l’époque, commence à se faire un nom à Hollywood. Le tournage débute le 14 avril et s’achève le 5 août 2014.

La promotion commence au printemps 2014, avec la fuite des premières photos du tournage. Deux sites viraux sont lancés en novembre de la même année, le premier se voulant être le site vitrine du parc, avec une billetterie et la présentation des attractions, le second reprenant les codes des sites corporates pour présenter la société Masrani. Une campagne innovante et réussie. La première bande-annonce  est révélée par Universal Pictures le 25 novembre et, là encore, beaucoup crient au scandale, notamment devant les plans montrant des raptors potentiellement apprivoisés. Le film sort finalement en grande pompe le 10 Juin 2015 et c’est un raz-de-marée.

 

Jurassic World : Dino 3.0

Porte parc Jurassic WorldC’est le moment de vous donner mon avis sur Jurassic World et je commencerai tout de suite par aborder un point qui a fait beaucoup débat : celui du scénario. Comme beaucoup,  l’annonce d’un nouveau dinosaure entièrement créé génétiquement m’a fait bondir dans un premier temps. Pourquoi vouloir créer une créature alors que les vrais dinosaures sont déjà suffisamment impressionnants et terrifiants, pour ce qui est des espèces carnivores. Un Giganotosaurus aurait très bien fait l’affaire. Et puis j’ai réfléchi. J’ai pensé à ce que voulait dénoncer Michael Crichton avec ces deux livres Jurassic Park et Le Monde Perdu et je n’ai pas trouvé de contradiction avec ce que propose Trevorrow. Le rêve de John Hammond, c’est le spectacle, le divertissement. Dinosaures ou pas, c’est ce qui lui tient à cœur. C’est d’ailleurs très bien illustré dans le premier film quand il décrit le cirque de puces qu’il animait dans sa jeunesse. De plus, et c’est très bien dit dans le film, les dinosaures que nous voyons dans le parc ne ressemblent pas aux vrais dinosaures, ce sont des créations génétiques créées à base d’ADN de batraciens et qui sont donc, d’une certaine manière, déjà des mutants.

Si le premier film dénonçait la folie des grandeurs d’un homme au grand cœur, le second se concentrait sur la cupidité et l’opportunisme des gens de chez InGen, avides de profits à tout prix. Je passe sur le troisième film, qui lui dénonçait simplement l’incompétence du réalisateur et des scénaristes. Ici, on reprend ces deux marottes, auxquelles on vient ajouter une dénonciation directe de la société actuelle. Cette course au spectacle, cette époque où rien n’est jamais suffisant et où pour survivre il faut toujours proposer quelque chose de nouveau, de jamais vu, de plus impressionnant. Dans ce contexte, je trouve tout à fait crédible la création de l’Indominus Rex et le film le justifie très bien à travers les propos du Docteur Henry Wu, dernier rescapé du premier film au passage : C’est ce que veulent les gens, le T-rex est dépassé et il faut bien proposer une nouvelle attraction pour attirer les visiteurs qui dépensent une fortune pour venir sur l’île. Au final ça se tient et ce n’est pas de ce côté-là qu’il faut chercher la petite bête. Une bonne idée au final.

Chris Pratt moto raptorsCôté réalisation, on peut trouver des choses à redire par contre. L’image est très belle, c’est un fait. Les modélisations du parc et des dinosaures sont réussies, les environnements et les textures travaillés, ce qui rend l’ensemble crédible et agréable à regarder. C’est propre, trop propre ? C’est le premier problème du film : la réalisation est trop lisse. Les prises de vue sont nettes, précises, mais pas originales pour un sou. On montre, on explique, on détaille mais jamais on ne surprend. La force de la réalisation de Spielberg c’était la suggestion, le travail sur les transitions, la mise en avant d’une idée, pas d’une image, et ça fait toute la différence. Ici, c’est linéaire et ça manque de personnalité. A vrai dire, les seuls plans impactants sont ceux qui sont calqués sur ceux du premier film. Je pense notamment au passage montrant les enfants coincés dans la gyrosphère. Attention, pas de méprise, ce n’est pas réalisé avec les pieds, mais ça manque de parti pris et c’est dommage.

Une autre mauvaise surprise concerne la musique. C’est Michael Giacchino qui est à la baguette, un compositeur oscarisé pour son travail sur le film d’animation « Là-haut ». Je m’attendais donc à du neuf, à une toute nouvelle identité sonore, avec des morceaux grandiloquents qui prennent aux tripes et rentrent dans la tête. Mais n’est pas John Williams qui veut et Giacchino se contente de reprendre quelques thèmes mythiques de la saga et d’y ajouter des passages orchestraux anecdotiques. On continuera donc à fredonner avec plaisir et nostalgie les mélodies cuivrées du premier film.

 

Espoirs & déceptions

Mosasaure requin Jurassic WorldPassons au gros du morceau et déroulons ensemble le film, pour comprendre ce qui marche et ce qui ne marche pas. L’histoire démarre assez vite et nous emmène rapidement au sein du parc. C’est même un peu précipité à mon goût, surtout que les premiers plans ne sont pas vraiment indispensables. J’aurais souhaité une séquence d’introduction, comme c’était le cas dans les trois premiers films, pour avoir le temps de prendre mes marques dans l’univers proposé. Tant pis pour moi. Toute la première partie est centrée sur la découverte de Jurassic World et se fait à travers les deux enfants du film, Zach et Gray. Cette phase est très réussie, avec un énorme travail pour rendre l’ensemble réaliste. Cela passe par beaucoup de détails, des clins d’œil bien sentis (comme l’hommage à John Hammond), et des attractions inspirées des vrais parcs à thèmes, comme celle du Mosasaure en mode Seaworld ou celle des bébés Tricératops version poneys. Tout ce petit monde est géré par Claire Dearing, la chef des opérations et la tante de nos deux jeunes têtes blondes.

Le premier contact avec le personnage principal, Owen Grady, passe par une scène qui a également beaucoup fait parler : celle du dressage des Raptors. J’avais crié au scandale en voyant ce passage dans la bande annonce, mais finalement, la manière dont c’est traité dans le film ne me dérange pas. La justification du système de meute et du mâle alpha fonctionne. Et puis on ne parle pas non plus de Velociraptors qui vont chercher des bâtons, ils se contentent Chris Pratt dressage raptors Jurassic Worldjuste de ne pas tuer leur dresseur et sont toujours aussi féroces et dangereux. La découverte de l’Indominus arrive peu après et le moins que l’on puisse dire, c’est que la créature joue bien son rôle de super-prédateur, ne tardant pas à se défaire de sa prison bétonnée et à faire ses premières victimes. C’est là qu’on commence à découvrir ses fameux pouvoirs, qui lui permettront de déjouer les pièges qui lui seront tendus. C’est pour moi la première faiblesse narrative. Le twist du camouflage, inspiré du Monde perdu et du Carnotaurus, se tient, le reste est plus discutable. En effet, l’Indominus est également capable de changer de température corporelle, de détecter les signaux thermiques, de repérer son implant GPS ou de communiquer avec les autres dinosaures. Ces capacités sont justifiées par le Docteur Wu, qui nous explique que ce monstre a été conçu à partir d’ADN de nombreuses espèces (Velociraptor, T-rex, Grenouille, Seiche…) et qu’il a donc repris plusieurs de leurs caractéristiques. Une explication un peu trop facile. Dans ce cas pourquoi ne pas lui ajouter des ailes en expliquant que de l’ADN de mouche a été utilisé ? Tout ça est un peu gros et semble n’être présent que pour pouvoir étirer l’intrigue plus longtemps.

Malgré ça, la phase de poursuite est l’une des plus réussies du film, avec la panique qui s’installe à mesure que les dégâts s’accumulent. Dommage cependant qu’à un certain moment, les clins d’œil à Jurassic Park deviennent une véritable opération de fan service, avec quelques plagiats et une accumulation grossière de références. Je pense notamment à la séquence dans les vestiges du premier parc. Cependant, le rythme est bon et les scènes s’enchainent de façon ludique. Ça devient même génial quand la volière se brise et qu’une armée de ptérodactyles et ptéranodons attaque les visiteurs. On commence alors à se dire que le pari est quasiment rempli et ont est prêt à oublier les quelques maladresses pour se laisser porter par une fin jouissive.

Indominus Rex attaque Jurassic WorldMais non. Colin Trevorrow en avait décidé autrement. Il a préféré détruire tout le travail précédemment effectué avec une avalanche de fautes de goût et de contresens. A partir du moment où Owen réussi, avec quelques mots, à retourner les Velociraptors contre l’Indominus, le film bascule dans le ridicule. C’était pourtant une bonne idée de faire de notre super-méchant le mâle alpha de notre bande de carnivores. Un retournement de situation inattendu qui donnait un sens au discours véhiculé depuis toujours par la saga : on ne contrôle pas la nature. Mais cette séquence désamorce ce postulat et après ça, c’est open bar. Ça commence avec une bataille incompréhensible entre l’Indominus et les Raptors, où on ne sait jamais qui est mort et qui est vivant, puis ça continue avec la libération du T-rex. Trevorrow réalise l’exploit de démolir l’image de cette icône du cinéma. Ce twist est tellement raté que ça en devient presque un cas d’école. Déjà parce qu’on nous a déjà montré ce même T-rex en début de film se faisant nourrir comme un animal de ferme, ensuite parce que l’idée de l’affrontement d’un T-rex avec un autre super-prédateur a déjà été exploitée dans le troisième film (avec le Spinosaure). N’oublions pas également que notre cher ami se fait battre à la course par une nana en talons hauts, lui qui est censé courir à 50km/h. J’adore! La lutte est très mal filmée, c’est brouillon, voir illisible par moment. Bref, aucun intérêt.

Les dernières minutes du film viennent définitivement confirmer la descente aux enfers que nous sommes en train de vivre. Que l’Indominus se fasse manger par le Mosasaure passe encore, mais la scène d’adieux entre le T-rex, le Vélociraptor et les humains est pathétique. C’est une nullité suprême, pleine de mièvrerie, de bons sentiments et d’irrespect pour le travail Indominus Rex volière Jurassic Worldde Spielberg et de Crichton. Je pense que si Trevorrow avait pu faire parler les deux dinosaures pour leur faire dire « Bien joué les mecs, bon moi j’y vais, à bientôt pour de nouvelles aventures !» il l’aurait fait. Ce plan à lui seul détruit l’image de ces carnivores terrifiants et imprévisibles. Quel gâchis! Pourquoi passer autant de temps à rendre crédible un parc pour décrédibiliser ces attractions à la fin? Pourquoi ne pas avoir fini le film avec un vrai parti pris. Par exemple avec des personnages qui quittent une île dans le chaos, des dinosaures qui prennent possessions des installations et un Indominus Rex qui incarne la place que les humains lui ont offerte : celle d’espèce dominante, de prédateur ultime. Histoire de dire que c’était une erreur, que personne ne peut s’amuser à contrôler de telles créatures, que personne ne peut se prendre pour Dieu. C’était le message de Jurassic Park au départ! Le plan de fin cliché présentant les deux amoureux, réunis malgré leurs différences, ne fait même plus réagir tant la déception est immense.

 

Un casting convaincant mais des personnages décevants

Enfants Jurassic WorldIntéressons-nous maintenant aux personnages et au casting. Là aussi, il y a beaucoup de choses à dire. Commençons par Gray Mitchell, le plus petit des deux frangins de l’histoire. Il est interprété avec justesse par l’acteur Ty Simpkins, connu principalement pour son rôle de Dalton Lambert dans les films Insidious. Avec sa passion obsessive pour les dinosaures, il fait parfois penser au personnage de Tim de Jurassic Park, même s’il est beaucoup plus renfermé. Son grand frère, Zach, n’est pas aussi intéressant. Cet adolescent blasé, sorte de Justin bieber collé à son smartphone, ne marque pas les esprits et l’acteur Nick Robinson n’est pas très expressif. Ce duo favorise tout de même l’immersion des spectateurs et l’identification du jeune public. Owen, lui, est un personnage sympathique mais fait un héros un peu trop lisse. Chris Pratt n’est pas mauvais, mais le stéréotype de l’aventurier solitaire, sarcastique mais courageux est un peu éculé. Allan Grant était un aventurier malgré lui, maladroit et effrayé. Owen est lui trop à l’aise, trop dans son élément, ce qui affaibli parfois les enjeux. Claire, avec son look de Lilou Dallas made in Wall Street est une femme déterminée, froide et intimidante. Elle ressemble beaucoup aux nanas que l’on peut croiser dans les agences de com’ ou les grands groupes du CAC40, urbaines, hautaines et carriéristes, ce qui en fait une chef des opérations convaincante. Bryce Dallas Howard est une actrice de qualité, mais je ne suis pas conquis par l’évolution du personnage de Claire. Sa prise de conscience devant l’Apatosaure agonisant, son obstination à conserver ses chaussures à talons en pleine forêt et son rapport de force avec Owen sont un peu caricaturaux.

Concernant les personnages secondaires, il y a du bon et du moins bon. Vic Hoskins est un agent d’InGen qui voit dans la possibilité d’apprivoiser les Raptors une formidable opportunité économique et militaire. Vincent d’Onofrio offre une performance honnête, mais je pense que la Acteurs Jurassic Worldprésence de ce personnage n’est due qu’à son utilisation dans les volets futurs de la franchise, car il n’apporte pas grand-chose au final. Tout comme celui de Barry à vrai dire. Hormis le fait qu’il soit interprété par notre Omar Sy national, cet ami et assistant d’Owen n’a pas de réelle valeur ajoutée et j’ai du mal à comprendre son rôle dans toute cette pagaille. Le Docteur Wu, en revanche, est une vraie satisfaction. J’aime son évolution par rapport à Jurassic Park. Tout comme dans le premier film, c’est lui qui est aux commandes des manipulations génétiques et au final sa vision des choses n’a pas vraiment changée, même si l’enthousiasme a fait place au cynisme. C’est lui, le symbole de la folie d’InGen et j’espère que c’est cette direction qui sera suivie par la suite. Masrani est quant à lui le nouveau John Hammond. C’est un philanthrope plein aux as, qui ne se soucie pas des moyens mais plus du résultat. Dommage que son utilisation soit si mince dans le film, sa seule réelle fonction étant de piloter un hélicoptère qui s’écrasera dans la volière. J’aurais préféré le voir dans les épisodes futurs, d’autant plus que le jeu d’Irrfan Khan est pertinent. Peut-être a t-il survécu au crash, qui sait? Les parents de Zach et Gray, Karen et Scott, sont assez présents mais totalement inutiles. Les employés de la salle de contrôle sont transparents, hormis peut-être Lowery Cruthers, un geek nostalgique du premier parc campé par Jake Johnson. Au final la distribution est de qualité, mais aucun personnage n’a le charisme de ceux du premier film. La faute à des dialogues moins travaillés et à des situations clichés. J’aurais bien aimé une participation de Jeff Goldblum ou un Sam Neil pour donner du crédit et du panache à l’ensemble.

 

Succès colossal & perspectives

Toutes les faiblesses du film n’ont pas fait fuir les spectateurs, au contraire ! Après sa sortie, Jurassic World ne tarde pas à enchainer les records en commençant par celui du meilleur démarrage de l’histoire du cinéma avec 524,4 millions de dollars de recette pour son premier week-end. Il devient le film le plus rapide de l’histoire à dépasser le seuil du milliard de dollars au box-office mondial en seulement 13 jours et donc naturellement le plus gros succès de l’année 2015 et de la saga Jurassic Park. Encore plus fort, Jurassic World est le troisième plus grand succès mondial au box-office de tous les temps derrière Avatar et Titanic, s’il vous plaît! Bref, c’est une réussite totale qui fait taire les critiques et relance la saga de la plus belle des manières.

Publicité Mercredes Jurassic WorldSur le plan marketing, c’est également un succès. Licence oblige, de nombreux produits dérivés ont vu le jour pour promouvoir le film ou venir gonfler le montant des recettes. Ainsi, Universal Partnerships a confié à Hasbro la charge de commercialiser les jouets de la franchise. Un partenariat Lego a de nouveau été mis en place, avec des boîtes de construction, mais aussi un jeu vidéo édité par WB Games, pratique courante pour les blockbusters depuis quelques années (Star Wars, Le Seigneur des Anneaux, The Hobbit, Avengers…). Jurassic World a également fait honneur à ses aînés en ce qui concerne le placement de produit, qui est très, voir trop présent. On peut donc apercevoir les logos ou les produits de marques comme Beat, Converse, American Airlines, Columbia, Nissan, Coca Cola, Nike, Oakley, IWC, Ben&Jerry’s, Brookstone, Imax, Margaritaville, Starbucks, Pandora, Mike&Ike, Apple, Verizon, Triumph. La palme revenant aux marques Samsung et Mercedes, qui ont dû investir un bon paquet de billets puisqu’elles sont omniprésentes à l’écran. Le constructeur allemand avait déjà investi plusieurs millions de dollars pour placer son SUV dans Le Monde Perdu, alors que Ford n’avait payé que 500 000 dollars pour le premier volet, avec ses Jeep bariolées dont on se souvient tous. Plus qu’un simple placement produit pour nos amis teutons, puisqu’ils ont développé toute une stratégie de communication autour de ce partenariat avec des spots TV, de l’affichage, des sites dédiés, des campagnes sur les réseaux sociaux, etc… Le succès du film confirme que les responsables marketing ont eu le nez creux.

Date de sortie Jurassic World 2Avec de tels résultats, on est certain que la ou les suites verront le jour. En mai 2015, Colin Trevorrow a déclaré qu’il ne réalisera pas un autre film de la franchise, puisqu’il sera aux commandes de Star Wars épisode IX, mais qu’il restera impliqué en tant que scénariste. Le 23 juillet, Universal Pictures annonce que la suite sortira le 22 juin 2018 et que Chris Pratt et Bryce Dallas Howard reprendront leurs rôles respectifs. Des personnages qui auront changé à en croire les dire de Trevorrow qui affirme également vouloir s’attaquer à de nouvelles problématiques et s’écarter des premiers films. Ainsi, on sait déjà que la surenchère de dinosaures ne sera plus d’actualité, mais que le sujet tournera autour de leur relation avec les humains. L’histoire laissera l’île de côté pour se concentrer sur les possibles dérives liées au pouvoir de création génétique, qui pourrait tomber entre les mains de personnes mal intentionnées. C’est pourquoi je suis presque sûr que les personnages de Vic et du Docteur Wu seront au centre de l’intrigue.

Reste à savoir si le prochain réalisateur saura insuffler un peu plus d’originalité dans la réalisation, le scénario et le traitement des personnages et me faire oublier cette première tentative ambitieuse, mais décevante par son manque de prise de risques et des choix narratifs parfois catastrophiques.

 

La Bande-annonce de Jurassic World :