Analyse et comparaison des styles de deux des meilleurs Youtubers cinéma français. Passion, argumentation & grand écran !
La critique cinéma a longtemps été l’apanage de la presse et de la télévision, mais depuis quelques années, les supports digitaux ont gagné en légitimité, avec notamment l’avènement des blogs et des réseaux sociaux. Aujourd’hui, un site comme AlloCiné est un passage obligé pour toute personne souhaitant se faire un avis sur un film. On y trouve un condensé des critiques médias classiques et le retour de ceux qui nous ont devancés dans les salles obscures. Cependant, si tout cela est bien pratique, les amateurs d’analyses à rallonge, qui aiment bien mettre un visage sur un nom, n’y trouvent pas forcément leur compte. Du coup, certains d’entre nous se sont tournés vers une pratique assez récente : le podcast vidéo. Car oui, on trouve sur Youtube des chaînes spécialisées sur tous les sujets : Joueur du Grenier pour le rétrogaming, E-penser pour la science, Axolot pour les histoires étranges, ou Cyprien pour les vidéos sponsorisées par des grandes marques qui veulent toucher un public jeune. Dans ce contexte, beaucoup de passionnés se sont lancé dans la création de chaînes dédiées au cinéma. Beaucoup d’appelés, mais peu d’élus ! Au final, seuls quelques-uns ont réussi à percer et à acquérir une vraie légitimité. J’ai donc décidé de vous présenter deux d’entre eux que je suis assidûment : Le Fossoyeur de Films et Le Cinéma de Durendal. Un duel au sommet sous forme de portait croisé. Action !
Présentation des protagonistes
Le Fossoyeur de Films est une chaîne Youtube créée en septembre 2012 par François Theurel. Ce titulaire d’un doctorat en sciences de l’information et de la communication commence son aventure sur la toile avec Dead Watts, un projet d’exploration musicale. Il lance ensuite en parallèle Le Fossoyeur de Films, une émission dédiée au cinéma de genre. Puisant son inspiration chez des Youtubers américains comme Nostalgia Critic ou Spoony, François Theurel décide de créer un personnage décalé : le fossoyeur. Sa mission est de fouiller avec sa pelle dans les entrailles du cinéma pour y déterrer ses sujets. François Theurel est également à l’origine de Studio Uha, une chaine dédiée à l’humour noir, et collabore avec de nombreux Youtubers avignonnais comme Axolot, pour ne citer que lui. À partir de 2014, il est invité par Canal+ à créer des chroniques vidéo autour du Festival de Cannes. Sur le Fossoyeur de Films, il propose son analyse sur le cinéma, tantôt axée sur des films en particulier, tantôt sur des thématiques plus larges. Avec plus de 460 000 abonnés et près de 37 millions de vues, Le Fossoyeur de Films est, sans aucun doute, la chaîne YouTube française consacrée au cinéma la plus connue.
Le Cinéma de Durendal est une chaîne Youtube créée en 2012 par Timothée Fontaine. Cet ancien étudiant en cinéma a commencé son parcours sur le web à l’âge de 14 ans en lançant le site d’humour Le Démon du Rire, sur lequel il proposait des sagas MP3 et des parodies fortement influencées par Le Donjon de Naheulbeuk, comme Chtar Wars, Harry Covert ou encore Résident Sénile. Avec le succès de ses productions et le début de sa formation d’assistant réalisateur, il décide de lancer une émission dédiée au 7e Art : Le Cinéma de Durendal. Avec un style bien à lui, Timothée Fontaine y présente des critiques vidéo à chaud et des rétrospectives plus construites sur des sagas connues de tous. Avec près 137 000 abonnés et plus de 31 millions de vues, Le Cinéma de Durendal est également l’une des chaînes Youtube française les plus suivies dans le domaine du cinéma. Cependant, ses opinions souvent à contre-courant lui valent une certaine impopularité et de nombreux contradicteurs.
Production & publications
Le Fossoyeur de Films publie en moyenne 3 à 4 vidéos par mois, en fonction de l’actualité du moment. La chronique Le Fossoyeur de Films analyse des thématiques générales liées au cinéma, comme Les Midnight Movies, Les bons remakes et La peur au cinéma, ou des films en particulier comme Conan le Barbare, Dune ou Blade Runner. Ces formats de 15 à 20 minutes sont longuement travaillés, avec un montage soigné, des images d’illustrations et une narration riche en références et expressions techniques. On en découvre un peu plus également sur le personnage du fossoyeur, avec des séquences d’introduction qui lui sont dédiées. L’après-séance présente des critiques de films plus classiques. Ici, François Theurel réagit face caméra aux sorties récentes, avec des vidéos aux durées variables dans lesquelles les spoilers sont parfois présents. Ces deux rubriques représentent 90% des productions du Fossoyeur de Films. De temps en temps, d’autres formats sont mis en ligne, comme Retour sur le futur, qui parle des sorties à venir, Dead Watts, dont je vous ai parlé plus haut, Et si, qui imagine ce qu’aurait été un film s’il avait été fait différemment, Le Fossoyeur de séries, consacré au petit écran, Le Bonus du fossoyeur et Choses et autres pour les vidéos inclassables.
La production du Cinéma de Durendal s’articule elle essentiellement autour de deux rubriques. La première, les Vlogs, nous présente l’avis de Timothée Fontaine sur les sorties cinéma du moment. Ces vidéos sont tournées d’une traite et sont dépourvues d’effets de montage. Avec 2 à 5 Vlogs par semaine, le cinéma de Durendal est un des Youtubers cinéma français les plus prolifiques. Sa seconde émission, Pourquoi j’ai Raison et vous avez Tort, est devenue sa marque de fabrique. Ces chroniques sont beaucoup plus travaillées et documentées, avec des extraits et un déroulement structuré. Durendal développe un argumentaire construit sur des sujets où son opinion diverge souvent de l’avis général. On y trouve des rétrospectives de saga mythiques (Star Wars, Alien, Batman, La Planète des Singes), de filmographies de réalisateurs (Tim Burton, Luc Besson, Christopher Nolan), ou des sujets liés au cinéma de manière plus large (VO versus VF, Les adaptations). Enfin, depuis Juin dernier, Timothé Fontaine a débuté un nouveau format, Les Bases du Cinéma, dans lequel il permet aux néophytes de découvrir les aspects techniques de sa passion. Le premier épisode est par exemple dédié à l’explication des différents supports de captation.
Mon avis
Ce qui fait le succès du Fossoyeur de Films, c’est son recul, sa culture et son ton pédagogue. Il parvient à présenter une analyse poussée, nourrie de références pointues et de figures de styles riches, de manière claire et accessible. On sent chez lui l’envie de parler aussi bien aux mordus de cinéma qu’aux jeunes néophytes curieux, sans jamais faire de concessions sur la richesse de son vocabulaire ou la profondeur de son argumentaire. Tout est ici bien maîtrisé, avec un équilibre entre contextualisation, développement et humour, auquel vient s’ajouter un montage propre et rythmé. C’est donc fluide et facile d’accès mais, paradoxalement, c’est cette envie de bien faire les choses qui me pose parfois problème.
Cette absence d’erreurs, ces prises de position convenues et cette tendance à enrichir des phrases simples gratuitement, font que le Fossoyeur se mue parfois en « Monsieur Parfait » très agaçant. J’ai en effet du mal avec cet aspect lisse de sa personnalité, qui se traduit par des prises de positions dans le sens du vent et des références cinématographiques branchées, qui ne feraient pas tâches dans un article des Inrocks, de Télérama, ou dans une émission de Canal+. Tout ce que je déteste en gros ! Car oui, j’ai le sentiment que le Fossoyeur s’écoute parler par moment, en abusant du dictionnaire des synonymes par exemple, ou en jouant sur un aspect spontané qui sent quand même la bonne grosse recherche Wikipédia. Et, il faut avouer que sa coupe de cheveux et sa barbe bien taillée viennent renforcer ce côté hipster énervant ! Néanmoins, ces quelques réserves ne peuvent faire oublier la qualité du travail fourni et il faut bien reconnaître que le succès de la chaîne est mérité. J’espère donc que le Fossoyeur gardera sa cohérence et son indépendance en résistant, par exemple, aux partenariats commerciaux qui gangrènent aujourd’hui le monde des Youtubers.
Le cinéma de Durendal propose lui, une toute autre approche de la critique cinématographique. Là où le Fossoyeur de Films insiste sur la structure et la distance, Durendal choisi la réaction à chaud et la liberté de parole. C’est simple : ça part dans tous les sens ! De digressions en anecdotes à rallonges, Timothé Fontaine exprime son avis brut sans avoir recours à la science du montage pour aérer ses chroniques. Un avis tranché qui ne laisse pas souvent la place à la nuance ou à l’interprétation. Les mots sont parfois durs, car la spontanéité prime ici sur le politiquement correct. En ne ménagent pas les acteurs ou les réalisateurs et en allant souvent à contre-courant, Durendal nourrit ses afficionados mais aussi ses détracteurs. Je me placerai personnellement dans la première catégorie, moi qui aime la contradiction et le débat. Cela ne veut pas dire que je suis d’accord avec lui tout le temps, mais que j’aime sa démarche et son authenticité.
Contrairement au Fossoyeur, Durendal semble se foutre totalement de l’avis général et être indifférent de plaire à telle ou telle frange de la population. Et ça fait du bien ! Une autre de ses forces est que son expérience d’étudiant en cinéma lui permet d’enrichir ses analyses d’explications techniques vulgarisées pour comprendre les intentions de réalisations, ce qui est un vrai plus. Pour contrebalancer, je dirais que Durendal a les défauts et ses qualités. Il commet de temps à autre des erreurs dans ses propos et ses analyses sociales sont parfois bancales. De plus, son caractère obstiné et son ton péremptoire peuvent faire de lui une vraie tête à claques ! On apprécie donc d’autant plus les touches d’humour et de légèreté qui viennent nous rappeler qu’il ne se prend pas au sérieux. Pour faire simple, on aime ou on déteste Durendal, mais on ne peut nier que sa parole enrichit le débat et ouvre des portes que les autres critiques n’osent pas enfoncer.
Conclusion :
Vous l’avez compris, pas de vainqueurs ici puisque nos deux amis ont chacun leur qualités et leurs défauts. S’il y a bien une chose qui n’existe pas sur Internet c’est l’unanimité, et c’est très bien comme ça ! Par leur travail, Le Fossoyeur de Films et le Cinéma de Durendal nous prouvent que personne ne détient la vérité quand on parle de création artistique et que c’est la pluralité des avis qui nourrit la réflexion et non le consensus. Je ne saurais donc que vous conseiller de suivre le travail de ces deux passionnés pour vous faire votre propre avis !
Comparaison sur la critique du film 007 Spectre :
Le Fossoyeur de Films :
Le Cinéma de Durendal :
Pour découvrir Le Fossoyeur de Films :
– Youtube : https://www.youtube.com/user/deadwattsofficiel
– Dailymotion : http://www.dailymotion.com/LeFossoyeurDeFilms
– Facebook : https://www.facebook.com/LeFossoyeurDeFilms/
– Twitter : https://twitter.com/francoistheurel
Pour découvrir Le Cinéma de Durendal :
– Site : http://www.cinephile.info/
– Youtube : https://www.youtube.com/user/Durendal1
– Dailymotion : http://www.dailymotion.com/Durendal1
– Facebook : https://www.facebook.com/LeCinemaDeDurendal/
– Twitter : https://twitter.com/cinemadurendal
13 juin 2020 at 11:15
Je ne supporte pas cette air supérieur du Fossoyeur De film. Il en fait des caisses pour pas grand chose!
C’est très académique ce qu’il fait, il ouvre sa vidéo sans grande originalité, si il fait un truc drôle, je n’en i jamais vu, et c’est la première fois que ça m’arrive de m’emmerder devant une vidéo de critique de film.
Durendal1 est fun! Rien que son intro est drôle et originale tout comme sa conclusion! Il parle des plan, des lumières et des couleurs, et c’est passionnant, car c’est sa passion!
Bref, j’adooooore Durendal1
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13 juin 2019 at 10:27
Juste 2 chaînes de merde
Des critiques cinéma pourri
l’un puant la bien pensance et le gauchisme de sale prof communiste qui pue de la gueule, près à sucer pour un like de plus ou une place chez canal plus
l’autre vieille fiotte hystérique qui malgré ses études de cinéma, à absolument zéro culture dans ce domaine(je me rappelle qu’il s’en était même venté, considérant les « vieux » films comme obsolète, cet infâme connard)
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9 janvier 2018 at 4:40
Alors j’ai un peu de mal, le début laisse penser que vous vous baserez sur des faits et non des ressentis. Et finalement votre critique du fossoyeur c’est : « il est parfait » et « j’aime pas sa barbe et sa coupe de cheveux » dans ce cas je déteste Durendal pour ses bafouillements et sa coupe de cheveux à peine digne d’un enfant de 15 ans. Enfin c’est ridicule ! Personnellement je n’aime pas Durendal car il estime que sous prétexte qu’il sort d’une fac de cinéma il a la science infuse alors qu’il manque cruellement de référence (en fait il connaît quasiment pas les films avant les années 2000). Après bien sûr que vous pouvez (j’imagine que vous n’avez pas besoin de mon autorisation pour le faire d’ailleurs) ne pas appréciez Le Fossoyeur mais dans ce cas citez les vidéos où vous l’avez trouvé trop lisse mais ne vous contentez pas de dire « je l’aime pas parce qu’il est parfait ».
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10 juin 2016 at 3:18
Peut être que sur ses critiques à chaud il peut se tromper, émettre des critiques pas forcément structurées (cependant il prend des notes pour ne pas oublier des points forts du film), mais il a le mérite de pousser au débat.
Et là où je ne suis pas d’accord, c’est que ses autres critiquent ne laissent pas à désirer : les JREVAT (J’ai Raison et Vous Avez Tort) son travaillés, intéressant et reviennent souvent sur les pensées uniques et les préjugés, les choses qu’on ne décèle pas tout de suite, ect., en apportant son regard, les choses qu’il a perçu ainsi que bien évidemment les ressources du web et autres. Il lie très bien les deux, et ce n’est pas une histoire d’aimer ou de ne pas aimer : c’est une histoire d’appuyer ou non sa thèse.
La façon dont il appuie sa thèse, le regard qu’il porte sur la société, peuvent ne pas plaire, mais si vous n’aimez pas le personnage, ce n’est pas le but. L’idée est de débattre car même s’il donne l’impression d’avoir raison sur un point rien n’empêche de débattre dessus, je ne pense pas qu’il fasse ça juste pour avoir raison.
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6 mars 2016 at 8:32
C’est un peu con de ne pas aimer quelque chose parce que ça va dans le sens général et aimer un truc parce que ça va dans le sens contraire. Une analyse, une argumentation, est pertinente ou ne l’est pas, on s’est fout du reste. Or celles de Durendal laissent clairement à désirer.
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