Review de la première saison de Fear The Walking Dead, le spin-off de The Walking Dead. Panique, junkies et Californie !

 

Les origines de la franchise

The-Walking-Dead-ComicIl y a deux semaines s’est achevée la diffusion de la série Fear The Walking Dead, saison 1, avec un sixième épisode riche en promesses et perspectives. Revenons donc ensemble sur ce premier et court contact avec le second groupe de survivants de la saga d’AMC. Pour ceux qui ne sont pas familiers de cet univers zombiesque, commençons par un petit focus sur cette franchise devenue culte.

Au départ, The Walking Dead est un comic book créé par Robert Kirkman et dessiné successivement par Tony Moore et Charlie Adlard. Publié chez Image Comics depuis 2003, le format rencontre un succès grandissant et devient, au fil des années, une référence du genre horreur/apocalypse. En effet, l’intrigue de The Walking Dead se déroule dans un monde envahi par les morts-vivants, suite à une épidémie d’origine inconnue, et nous narre les mésaventures d’un groupe de rescapés mené par Rick Grimes, un ancien shérif qui tente désespérément de trouver un refuge pour survivre dans ce monde devenu hostile.

the-walking-deadEn 2010, une série adaptée des comics voit le jour sur la chaîne AMC, avec Kirkman et Frank Darabont aux manettes, un réalisateur reconnu pour son travail sur des films comme Les Évadés ou la Ligne verte. Les premiers épisodes enchainent les records d’audience et The Walking Dead ne tarde pas à devenir un phénomène télévisuel international, au même titre que des productions comme Games of Thrones ou Breaking Bad. Aujourd’hui, le programme est devenu un rendez-vous important pour bon nombre de sériephiles et est dorénavant bien ancré dans la pop-culture comme une référence incontournable. Fort de leur succès, les producteurs décident en 2013 de développer une nouvelle série basée sur le même univers, en marge du déroulement de The Walking Dead.

 

Une version West Coast au commencement de l’épidémie

fear-the-walking-dead-posterC’est ainsi que voit le jour Fear The Walking Dead, sous l’impulsion de Robert Kirkman, toujours lui, et de Dave Erickson, un ancien de chez Sons of Anarchy. Très vite, le projet est présenté comme un spin-off se déroulant dans le même espace-temps et donc la même apocalypse que la série originelle. Initialement intitulé Cobalt, le concept est renommé en 2015, alors qu’AMC confirme une commande de deux premières saisons de respectivement 6 et 15 épisodes. Après une campagne de promotion appuyée, les premières images sont diffusées le 23 août 2015, pour le plus grand plaisir des millions de fans à travers le monde.

A la différence de The Walking Dead, qui nous faisait commencer l’aventure au moment du réveil de Rick Grimes, et donc dans un monde plongé dans l’horreur depuis plusieurs semaines, Fear The Walking Dead débute avant le début de l’épidémie. On délaisse ici les champs et forêts de Géorgie pour les palmiers et le soleil de Los Angeles. 2015 oblige, c’est une famille recomposée qui nous fera vivre cette virée en enfer. L’histoire est donc centrée sur Madison Clark, une conseillère d’orientation d’un lycée quelconque, qui élève seule ses deux enfants suite au décès de son mari. La plus jeune, Alicia, est un élève brillante qui vit ses premiers émois amoureux. Son frère, Nick, est un junkie pommé, fugueur répétitif, habitué des squats et des seringues. A leur côte vit Travis Manawa, le compagnon de Madison qui est professeur dans le même lycée. Outre le rejet d’Alicia et de Nick, Travis doit gérer une Cliff-Curtis-as-Travis-Manawa-and-Kim-Dickens-as-Madison-Clark-in-Fear-the-Walking-Dead-Seasonrelation compliquée avec son ex-femme Liza et leur fils Chris. Tout ce petit monde va donc devoir faire face au début, puis à la propagation de la contagion.

On est donc chronologiquement en avance sur la série mère et ceux qui ont suivi les cinq premières saisons de The Walking Dead savent très bien vers quoi se dirige notre bande d’angelenos apeurés. La différence entre les deux productions se situe également dans le fait que l’action de Fear The Walking Dead n’est pas basée sur les comics. Les personnages sont donc tous de pures créations des scénaristes d’AMC. Cependant, avec Kirkman aux commandes, il est certain que la vision artistique sera respectée, d’autant plus que l’intrigue de la première série a déjà beaucoup dérivé des formats papiers au fil des saisons. Au final, ce spin-off est l’occasion d’apporter un peu plus d’informations sur les origines de la catastrophe, le développement du virus et le rôle de l’armée dans toute cette pagaille.

 

Réalisme et ambitions

fear-the-walking-dead-episode-1-nick-and-mom-maddieAlors que vaut cette cuvée made in California au final ? Hé bien c’est du très bon ! La première chose qui interpelle, c’est la différence de ton. La réalisation est beaucoup moins orientée « comics » et joue plus la carte de réalisme, ce qui n’est pas pour me déplaire. Le fait de nous mettre en condition pendant plusieurs épisodes renforce ce sentiment d’identification, qui n’est pas forcément évident dans The Walking Dead. Cette phase va nous permettre de comprendre les motivations et les choix des personnages dans les saisons prochaines et d’asseoir les futures orientations narratives. Il faut, selon moi, prendre ces 6 premiers épisodes comme une grande phase d’introduction, qui apportera de l’empathie et de l’intensité dramatique lors des premières disparitions.

Côté scénario, l’ensemble se tient très bien et le fil des événements se déroule de manière compréhensible et cohérente. Le choix de Los Angeles est intéressant, mais pas exploité outre mesure dans cette première saison. L’histoire aurait pu se dérouler dans une autre ville de Californie sans problème, car L.A. n’est pas un personnage à part entière comme l’était Atlanta. L’exploitation des forces armées dans le récit est globalement réussie, même si on n’échappe pas à quelques clichés éculés dignes de séries B. Les relations familiales sont au centre de la saison et le fait que le spectateur sache ce qui va se passer amène une sorte de tension et d’impatience quant aux actions et réactions des personnages. On éprouve même une certaine délivrance, sadiques que nous sommes, quand les loups sont lâchés et que rien ne va plus. Une montée en pression maîtrisée et jouissive.

Fear-The-Walking-Dead-Travis-Liza-and-ChrisEn ce qui concerne la réalisation, là aussi les choses sont un peu différentes. Les plans psychédéliques, les introductions macabres et les longues tirades existentielles ont disparus, pour laisser place à un classicisme soigné et dynamique. C’est le récit qui veut ça et les futures saisons devraient renouer avec ces sursauts de folies visuelles, à mesure que nos protagonistes sombreront dans la terreur et découvriront les côtés les plus sombres de l’âme humaine. Quelques petits bémols sont à apporter cependant, notamment concernant les séquences de saccages et de pillages que je trouve assez bâclées, voir démodées. Les punks à capuche et les skateurs brûleurs de voitures semblent tout droit sortis d’un film des années 80 et ces scènes ne sont pas dans le moule du reste de la réalisation. Un faux pas excusable, car il n’impacte ni l’histoire, ni le rythme général.

On finit avec ce qui, selon moi, est le gros point fort de Fear The Walking Dead : le casting. Commençons par Kim Dickens, qui incarne Madison et qui est simplement sublime de justesse et de précision. C’est une actrice que je connais plutôt bien, puisque j’avais déjà pu apprécier son sens de l’interprétation dans des séries comme Deadwood, Sons of Anarchy et House of Cards, ou dans le dernier David Fincher, Gone Girl. Les producteurs ont bien fait de lui confier le rôle phare de la série, car elle est suffisamment charismatique pour soutenir la comparaison avec Andrew Lincoln (Rick). A côté d’elle, on retrouve un Cliff Curtis, alias Travis, en père de famille plus que convaincant. Cet habitué des seconds rôles fait le boulot avec finesse et son fear-the-walking-dead-acteursduo avec Kim Dickens risque d’être un des gros points forts des saisons à venir. Les jeunes acteurs sont également au niveau. Frank Dillane apporte un côté burlesque quand son personnage de Nick adopte une démarche chaloupée et un style vestimentaire d’une autre époque. Cette performance fait penser à un jeune Johnny Depp, d’autant plus que la ressemblance physique est frappante. Alycia Debnam-Carey campe une adolescente portant le même prénom qu’elle et qui est tout à fait crédible avec ce côté petite peste qui touche juste. J’ai quelques réserves par contre concernant Lorenzo James Henrie, ou Nick, chez qui je retrouve des maladresses et des facilités qui ne feraient pas tâche dans the Walking Dead, première du nom. Rien de scandaleux cependant. J’aime beaucoup Ruben Blades, ici Daniel Salazar, qui nous offre un jeu tout en caractère et Colman Domingo qui incarne Strand, un personnage mystérieux et prometteur. Les autres acteurs remplissent leurs rôles convenablement et servent le programme sans être forcément transcendants. Au final, c’est donc une distribution de grande qualité qui nous est proposée, pour nous tenir en haleine et donner du relief à cette fin du monde sanguinolente qui a trouvé son public.

 

Le début d’une longue histoire ?

Car comme sa grande sœur, Fear The Walking Dead a été un carton d’audience, avec un pilote qui a réuni plus de 10 millions de téléspectateurs, un record pour la première d’une série câblée. Les 15 épisodes de la seconde saison sont donc plus que confirmés et attendus pour l’été 2016. Pas de pistes solides sur les péripéties à venir, si ce n’est que les créateurs ont affirmé qu’un nouveau personnage sera introduit et qu’il sera issu de Fear The Walking Dead : Flight 462, une mini web-série qui racontera l’histoire d’un vol transportant des passagers infectés et dont les épisodes, de moins d’une minute, seront diffusés pendant les publicités de la saison 6 de The Walking Dead. Une nouvelle fois AMC a vu juste et on espère tous que le concept Fear The Walking Dead sera développé sur de nombreuses saisons, avec une identité propre, des intrigues originales et, pourquoi pas, un cross-over ou une réunification des deux formats avec un face à face d’anthologie entre Rick et Madison…

 
La Bande-annonce de la saison 1 :