Projecteurs sur l’un des meilleurs survival horror de tous les temps : Resident Evil 4. Angoisse, zombies et décapitations !
Resident Evil : culte de chez culte
Resident Evil est une série de jeux vidéo créée par Capcom, un éditeur japonais également à l’origine de Street Fighter, Megaman et plus récemment de Monster Hunter et Devil May Cry. Connu sous le nom de Biohazard au japon, Resident Evil est l’une des franchises mythiques du jeu vidéo, pionnière du genre survival horror, un dérivé du jeu d’action-aventure qui se démarque par des atmosphères oppressantes inspirées des fictions d’horreurs et qui met en avant la surprise, l’exploration et la difficulté de survie. L’histoire d’origine nous explique comment des manipulations scientifiques de la firme Umbrella Corporation ont provoqué la transformation des habitants de Raccoon City en zombies.
Le succès du premier jeu Resident Evil, sorti en 1996 sur la console Playstation 1, permettra à Capcom de développer de nombreuses suites. On compte aujourd’hui près de 25 déclinaisons basées sur la franchise, de tous types et sur toutes les plateformes, ce qui représente au total plus de 40 millions d’exemplaires vendus. Il existe également de nombreuses adaptations de l’univers sous formes de films d’animation, de romans, d’art books ou de mangas. La plus connue reste cependant la production cinématographique de Paul W.S. Anderson avec Milla Jovovich, qui compte 6 films à ce jour.
Resident Evil 4, comme son nom ne l’indique pas, est le sixième jeu de la série. Sorti sur Gamecube, puis porté sur Playstation 2, il a connu un développement compliqué. Annoncé tout d’abord pour 2001, il ne sort finalement qu’en 2005 après de nombreuses phases de test et des versions provisoires. Ces reports successifs s’expliquent par une réelle volonté de Capcom de se démarquer des épisodes précédents et de réinventer le genre. Pari gagnant puisque le jeu se révélera être une réussite totale. Salué par la critique, Resident Evil 4 se verra décerné le titre de jeu de l’année 2005, sera réédité en 2007 sur PC et sur Wii et totalisera au final plus de 5 millions d’exemplaires vendus.
Sans vouloir raconter ma vie, mais un peu quand même, mes cousins plus âgés ramenaient leurs consoles chaque noël lors des réunions de famille. Entre deux parties de cache-cache, j’ai donc découvert Resident Evil très jeune, via la cinématique du premier jeu, durant laquelle un homme se fait dévoré par des chiens en décomposition. Ambiance. Aujourd’hui, la violence et le gore sont banalisés dans les jeux vidéo, mais à l’époque cette scène d’introduction c’était dingue ! Suffisamment pour ne pas dormir de la nuit en ce qui me concerne. Par la suite, la saga a fait partie de mon univers de gamer amateur sur Playstation 1, au même titre que les séries Tomb Raider, Tekken, Rayman, Spyro the Dragon, Medievil, Crash Bandicoot, Time Crisis ou Parappa The Rapper. La bonne époque ! Bien qu’ayant possédé et passé beaucoup de temps sur la Gamecube, j’ai joué pour la première fois à Resident Evil 4 sur ma Wii. C’est donc de cette version que je vais vous parler, et tant mieux puisque c’est la meilleure !
Resident Evil 4 : Une aventure à part
L’histoire se déroule chronologiquement six ans après les événements du premier jeu. On incarne ici Leon Scott Kennedy, l’un des deux personnages principaux de Resident Evil 2, dans lequel il était présenté comme un policier débutant se retrouvant à Raccoon City pour son premier jour de travail. On le retrouve cette fois assigné aux Services Secrets des États-Unis pour une mission de sauvetage de premier ordre : Sauver la fille du président, Ashley Graham, qui a été enlevée et qui serait détenue dans un village de l’Espagne profonde. Pourquoi pas.
La première séquence du jeu nous présente Leon à bord d’une jeep, accompagné de deux policiers locaux qui le déposent dans une forêt inquiétante, près d’une maison isolée. C’est à ce moment qu’on prend la main sur le personnage et que l’on se dirige bien évidemment vers cette demeure mal entretenue. On ne tarde pas à entrer dans le vif du sujet, puisque le premier villageois que l’on rencontre tente de nous tuer à coup de hache après quelques mots dans un jargon incompréhensible. Ça commence fort ! Vous vous doutez bien que nos chers amis policiers seront les premières victimes de ces autochtones belliqueux. Le premier finissant ligoté sur un bûcher et le second au fond d’un lac. Quelle hospitalité ! On découvrira assez vite que toute cette zone est sous le contrôle d’une ancienne secte nommée Los Illuminados et que tous les habitants sont contaminés par un parasite obéissant au grand méchant de l’affaire : Osmund Saddler. Son projet ? Inoculer ce parasite à notre chère Ashley, pour qu’elle le transmettre à son père, ce qui offrira à Saddler le contrôle des Etats-Unis. On a connu plus crédible comme scénario.
Durant son investigation, Leon recevra l’aide de Luis, un chercheur rebelle qui a travaillé sur le projet de la secte. Il rencontrera également Ada Wong et Jack Krauser, tous deux en mission pour Albert Wesker, un des grands méchants de la saga. La première est une espionne venue voler les recherches sur les parasites, mais est aussi une vielle connaissance de notre héros, puisqu’elle croise déjà sa route dans Resident Evil 2. Le second est un ancien collègue de Leon, porté disparu suite à un accident d’hélicoptère et désormais en infiltration chez les Illuminados.
L’aventure se divise en trois parties. Dans la première, nous évoluons au sein du fameux village espagnol, où l’on rencontre des ennemis qui sont principalement des villageois armés d’outils agricoles. Une bonne dose de stress en perspective dans cette ambiance fétide, surtout quand un bruit de tronçonneuse retentit et qu’un gros monsieur avec un sac sur la tête se rue vers vous. Honnêtement, rien que pour la petite cinématique sanglante, laissez-vous tuer par ce molosse survolté au moins une fois. Dans cette zone, nous sommes également aux prises avec un monstre marin énorme, une sorte de troll géant, des parasites tentaculaires et le premier boss du jeu, Bitores Mendez, chef du village s’il vous plait !
La deuxième partie prend place dans un château gigantesque, dans lesquel des moines Illuminados, équipés de fléaux d’armes, d’arbalètes, de faux et de larges boucliers de bois, déambulent en psalmodiant sans cesse. L’action y est moins systématique et on passe par plusieurs phases d’exploration avec des énigmes et des casse-têtes plus ou moins difficiles. Mais le frisson est toujours là, surtout quand on rencontre le Garrador, un homme aveugle avec des griffes et un masque de fer. Après un passage par les mines, on se retrouve face à Salazar, gouverneur de son état et second boss de l’aventure. Un personnage court sur pattes, malicieux, mais qui ne tarde pas à se transformer en quelque chose de bien plus impressionnant.
Enfin, La troisième phase nous emmènent sur une île, où les ennemis semblent avoir découvert l’existence des armes automatiques et où les expériences de la secte ont donné naissance au Regeneradores, des monstres silencieux, rapides et très résistants. C’est là qu’on devra affronter notre cher ami Krauser qui a sombré dans la folie, puis le boss ultime, Saddler, à coup de lance-roquette. Le jeu d’achève sur une fuite en jet ski sorti de nulle part, assez anecdotique finalement.
Une claque vidéoludique
Quand on joue à Resident Evil, on vient chercher une chose : la peur. En effet, la marque de fabrique de la franchise est de distiller de l’angoisse, du frisson et de l’hémoglobine. Une chose est claire avec ce sixième opus: tout y est. Preuve en est la classification «18+» par le PEGI, qui indique la présence de scènes violentes et de nombreuses grossièretés, la plupart en ibérique dans le cas présent. Capcom nous offre ici une vraie immersion horrifique grâce à plusieurs choses. Tout d’abord, le travail sur les ambiances est colossal. Graphiquement, c’est une réussite totale, avec un 3D béton pour l’époque, des textures putrides et des modélisations au poil. Le rendu sur le village, par exemple, est magnifique. Au niveau du son, c’est également saisissant, avec des nappes sonores malsaines, des voix inquiétantes et des bruitages terrifiants. Et pour ne rien arranger, les développeurs nous ont concocté des cinématiques somptueuses qui concluent en beauté cette plongée effroyable des plus mémorables.
La vraie force de Resident Evil 4, c’est sans conteste son gameplay. Beaucoup de puristes de la saga ont crié au scandale quand le jeu est sorti, regrettant son côté très bourrin qui différait complétement des productions précédentes. Mais pour moi, c’était une réinvention nécessaire. Au revoir les décors fixes et bonjour la 3D en temps réel avec une vue à la troisième personne d’un personnage de dos. Ce choix permet d’offrir au joueur une meilleure maniabilité et accroît la rapidité d’exécution. La dimension action est donc beaucoup plus présente, avec notamment des phases de QTE, sortes de cinématiques avec des actions à effectuer rapidement sur la manette. L’utilisation des armes est jouissive, avec un système de visée précis et réactif, des phases de shoot dynamiques et des flux d’ennemis impressionnants. La progression est plus fluide, avec moins de coupures et l’interaction avec l’environnement est également renforcée.
Mais quand on parle de survival horror, on ne peut se passer du fameux système d’inventaire et de l’obligation de gérer ses ressources. Côté arsenal, vous pouvez trouver des armes sur la route, mais la plupart d’entre elles seront à acheter auprès d’un marchand encapuchonné. En fonction de l’argent que vous avez collecté, vous pouvez choisir d’optimiser vos acquisitions ou de passer à un modèle supérieur. Les munitions sont, quant à elles, générées en tuant des ennemis ou en brisant certains objets, comme des jarres ou des tonneaux. Les armes sont très bien pensées, et chaque joueur pourra adopter un style de jeu propre en fonction de ses préférences. Le mien étant d’être un gros bourrin armé d’un fusil à pompe la plupart du temps. Côté santé, votre salut passe par l’utilisation de potions à base de plantes qu’il vous sera possible de combiner pour en multiplier l’efficacité. Pour vous trimballer tout cet attirail, vous devez vous munir d’une mallette de plus en plus grande, sous peine de devoir abandonner des objets très utiles lors de votre progression.
Pour la version Wii, le gameplay a été repensé pour aboutir sur une petite pépite. L’utilisation de la Wiimote et du Nunchuk avec un système de visée directe sur l’écran apporte une jouabilité nouvelle, particulièrement addictive. Avec ce gain de précision, l’immersion dans l’action est renforcée. Pour moi, c’est clairement la meilleure version du jeu et la meilleure expérience sur la plateforme de Nintendo avec The Legend of Zelda : Skyward Sword.
La durée de vie du titre est simplement hallucinante. En ce qui concerne l’arc principal, trois niveaux de difficulté sont disponibles, à savoir facile, normal et professionnel. Vous l’aurez deviné, en mode pro les ennemis sont plus nombreux, plus rapides, plus forts et les munitions sont moins fréquentes. De quoi bien en baver. Finir ces 3 modes vous permettra de débloquer des armes, comme un lance-roquette, une Matilda ou un Chicago typewriter, à retirer chez le marchand. Beaucoup de bonus vous seront proposés, comme la possibilité d’incarner Ada Wong. En effet, avec Assignment Ada vous serez en charge de récupérer les fameux échantillons du parasite et la mission Separate Ways vous permettra de revivre toute l’histoire du point de vue de notre espionne en talons hauts. Une plus-value qui apporte un éclairage différent et intéressant sur l’intrigue.
Le vrai morceau de bravoure de ces contenus supplémentaires reste cependant le mode Mercenaries. Il s’agit d’une course contre la montre réalisable dans 4 niveaux différents. Le but est de tuer un maximum d’ennemis pour faire grimper son score. Score qui vous permettra d’obtenir une note sur cinq étoiles et de débloquer des personnages jouables supplémentaires, parmi lesquels Hunk Death ou Albert Wesker. Chacun d’entre eux dispose d’un arsenal et de capacités propres. Le grand kiff restant tout de même la possibilité d’incarner un Krauser uniquement muni d’un arc. Croyez-moi, c’est énorme !
Conclusion
Avant de conclure, passons rapidement sur les quelques défauts du jeu, car il en a forcément. Tout d’abord, c’est vrai que si l’univers de Resident Evil 4 est original, le scénario l’est moins et n’apporte pas grand-chose à la série. Aucune information importante ne nous est donnée sur Umbrella Corporation et les origines des expériences. La présence d’Ada ou de Wesker est en réalité presque accessoire. Il faut plutôt prendre cette histoire comme un arc narratif secondaire, une sorte de spin-off. Ensuite, c’est aussi vrai que l’évolution du gameplay tranche avec les conventions du survival horror, établies avec le premier opus de la saga. Une déception pour certains fans purs et durs du genre. Des défauts minimes pour moi et aussi pour la plupart des critiques.
Car Resident Evil 4 est considéré comme l’un des jeux majeurs des années 2000, qui a redéfini le genre et a posé les bases du jeu de tir à la troisième personne actuel, influençant des productions comme Batman: Arkham Asylum ou Gear of War. Le magazine britannique Edge ira même jusqu’à le classer en 2007 à la deuxième place dans la liste des meilleurs jeux vidéo de tous les temps, derrière The Legend of Zelda: Ocarina of Time. Exagéré surement, mais révélateur tout de même. La série s’est un peu perdue depuis, avec une suite trop similaire et une perte progressive de subtilité dans l’utilisation des phases d’action par la suite.
Incontestablement, Resident Evil 4 fait partie de mon panthéon du gamer. Un des seuls jeux que je peux recommencer chaque année avec le même plaisir, la même surprise. J’y trouve tout ce que j’aime : un univers inquiétant, des phases d’exploration, des séances de shoot, des énigmes, du stress et une bonne dose de fun en prime. Assurément un must play, Resident Evil 4 restera à jamais culte.
Le trailer de la réédition HD PC :
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