Focus sur Black Sails, la série sans concessions de la chaîne Starz sur l’univers de la piraterie. Tricornes, bouteilles de rhum et pavillons noirs !
Black Sails est une série américaine créée par Jonathan E. Steinberg et Robert Levine, deux anciens scénaristes de Jericho et créateurs de Human target, qui n’a pas franchement marqué les esprits. Elle est diffusée depuis le 25 Janvier 2014 sur la chaîne Starz, déjà à l’origine de productions comme Spartacus et Les Piliers de la terre, que j’ai plutôt bien appréciées. Black Sails nous est présentée comme le prequel du fameux roman « L’île au trésor » de Robert Louis Stevenson et nous propose de suivre les aventures du légendaire capitaine Flint.
Pour moi « L’île au trésor » c’est une petite madeleine de Proust. Enfant, j’ai adoré le livre et j’ai vu de nombreuses fois le téléfilm de Frase Clarke Heston avec Charlton Heston, Christopher Lee et le jeune Christian Bale dans les bottes de Jim Hawkins. Mais quand j’entends parler de « L’île au trésor », je pense avant tout à un dessin animé des années 90 nommé « La Légende de l’Île au trésor » dans lequel les personnages étaient tous des animaux ! Etrange non ? Ce générique, avec cette musique et ce rat encapuchonné aux yeux lumineux, m’a terrorisé et captivé à la fois ! https://www.youtube.com/watch?v=qzZSTbDjsFs. Bien plus en tout cas que le film d’Alain Berberian dans lequel Gérard Jugnot incarne Long John Silver… Mon dieu !
La série prend place 20 ans avant les événements du livre. Elle nous présente l’âge d’or de la piraterie, durant lequel les criminels des mers vivaient dans le port de Nassau, sur l’île de New Providence dans les Bahamas. Un paradis de débauche, peuplé de prostituées, de voleurs et d’aventuriers. Un paradis éphémère cependant, puisque menacé par la flotte anglaise, bien décidée à détruire ce petit microcosme de vices et de luxure. Le Capitaine Flint, dont le leadership à bord du Walrus ne tient plus qu’à un fil, sera l’instigateur d’un plan pour préserver cette liberté : mettre la main sur l’Urca de Lima, un navire espagnol chargé d’or. Dans cette tâche, il sera aux prises avec les plus célèbres des flibustiers.
Car c’est ça la grande idée de la série : mêler les personnages du livre aux grandes figures historiques de la piraterie, comme Jack Rackham, Charles Vane, Ned Low ou Anne Bonny. Historiquement, c’est donc du grand n’importe quoi. Un vrai fourre-tout qui ne s’embarrasse ni des dates, ni des faits. Mais honnêtement on n’y prête pas attention. Déjà parce que la série se revendique dès le départ comme fictive et basée sur un roman, ensuite parce que c’est jouissif de voir se croiser tous ces loups de mer assoiffés d’odyssées et de richesses. On en redemande même !
Au niveau de l’intrigue, c’est classique, mais jamais cliché. On est loin d’un Breaking Bad ou d’un True Detective, mais on ne regarde pas Black Sails pour ça. On vient y chercher sa dose d’abordages, de sales gueules et de plages tropicales. De coups bas en coups de canons, on passe d’un affrontement viril à une étreinte torride. Ça déborde de transpiration et de poudre à canon. Les personnages sont attachants, bien travaillés et crédibles dans leurs rôles de brutes sans foi ni loi. La reconstitution de Nassau est bien faite, avec un travail convaincant sur les ambiances et les costumes. La seule faute de goût reste le look ridicule du personnage de Jack Rackham, qui m’agace autant que celui de Loki dans la série Vikings. La réalisation est solide sans être vraiment originale. On ne crie jamais au génie, mais on ne perd pas le fil de l’histoire, qui reste claire et bien illustrée. La reconstitution des navires et des combats navals est sans faille. C’est propre et efficace, grâce à une bonne maitrise des effets spéciaux. On ne retrouve pas cette sensation de manque de budget qui peut se faire sentir dans d’autres productions.
Côté casting, ce n’est pas du 5 étoiles mais ça tient la route. Toby Stephens incarne un Capitaine Flint solide et charismatique et Hannah New se révèle avec son interprétation d’Eleanor Guthrie. J’aime également le jeu de Clara Paget, méconnaissable en Anne Bonny. Charles Vane est incarné par Zach McGowan, un acteur limité, mais doté d’un physique qui colle parfaitement à une histoire de pirates. Je suis plus nuancé quant au choix de Luke Arnold pour jouer Long John Silver et j’accroche peu au personnage de Max joué par une Jessica Parker Kennedy séduisante, mais qui m’agace avec son accent français bien fake.
Pour conclure, je dirais que Black Sails est une série sympathique qui s’adresse aux personnes qui s’intéressent à l’univers de la piraterie et qui, comme moi, en ont marre de la franchise Pirates des Caraïbes made in Disney. Adieu les gimmicks insupportables de Johnny Depp, les histoires de morts-vivants, les poulpes qui parlent et les bateaux fantômes. Ici, les flibustiers sont badass, font la chasse aux navires marchands et se disputent pour des cargaisons de rhum. Et ça fait du bien ! C’est également bien au-dessus de Crossbones, la série de chez NBC avec John Malkovich, qui nous a plongés dans l’ennui avant d’être annulée après seulement 9 épisodes. Black Sails, c’est un divertissement convaincant, prenant et accessible et c’est déjà pas mal !
La série a été renouvelée pour une troisième et une quatrième saison et mon petit doigt me dit que le terrifiant Barbe Noire devrait faire son apparition… Prometteur !
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