Du folk américain par deux hippies suédoises. Filtre vintage, guitares acoustiques et harmonies sixties !

 

La musique folk américaine fait sans aucun doute partie de mes styles musicaux favoris, au même titre que le rock alternatif et le heavy metal. J’aime cet aspect épuré des chansons, cette approche acoustique traditionnelle et cette manière de mettre en avant la mélodie. J’ai toujours aimé les grands interprètes des années 60-70 comme Cat Stevens, James Taylor, Neil Young ou Simon and Garfunkel. Mais depuis quelques années, un vrai renouveau s’est fait ressentir dans ce courant et j’ai redécouvert cette musique grâce à des groupes comme Mumford & Sons, Fleet Foxes, The Civil Wars ou le génial Sufjan Stevens pour ne citer qu’eux.

Un enthousiasme qui m’a amené à relancer mes recherches de ces « folk songs » qui tuent, ces chansons qui restent dans la tête, celles qui te donnent envie de prendre la route, de vivre dans une cabane avec tes potes, de refaire le monde. En 2012, j’ai fait le plein de ce genre de pépites, et parmi des titres comme « Neither Here Nor There » de Lost In The Trees, « Don’t Carry It All » de The Decemberists ou « Coal War » de Joshua James, je suis tombé sur « The Lion’s Roar » de First Aid Kit. Ce 2 Décembre, comme me le précise gentiment Spotify, j’ai trouvé mon maître.

Talent précoce & ascension expresss

First Aid Kit est un groupe suédois de musique folk créé par Johanna et Klara Söderberg. Les deux sœurs, originaires de la banlieue de Stockholm, sont les filles de Bent Söderberg, un ancien membre de Lolita Pop, un groupe de pop-rock qui connut un certain succès chez nos amis scandinaves dans les années 80. Elles revendiquent des influences comme le groupe Bright Eyes, les chanteurs Gram Parsons, Bob Dylan et la vague southern folk américaine des années 60.

Le duo signe son premier contrat avec Rabid Records en 2007 et commence à se faire connaître l’année suivante grâce à une reprise du titre «Tiger Mountain Peasant Song» de Fleet First aid kitFoxees publiée sur Youtube (https://youtu.be/HMrqBldlqzA). Leur premier EP Drunken Tree sort en Suède en 2008, puis est plus tard réédité par le label britannique Wichita Recordings. Épuré, tout en simplicité et en naïveté, dans le bon sens du terme, Drunken Tree propose de belles mélodies avec un côté country des années 20, basé sur une structure guitare/voix. Pas d’airs imparables ici, mais la dernière chanson « Cross Océans » présageait déjà de ce que serait le style First Aid Kit.

En 2010 sort The Big Black and the Blue, le premier album de la formation. Les harmonies vocales sont encore basiques, mais la production est plus travaillée. Les deux sœurs nous proposent de très belles chansons comme « Waltz For Richard » qu’on croirait presque être un
vrai « work song » traditionnel américain. On pense parfois à Joan Baez, Alisson Krauss ou même à June Carter. Le groupe tourne beaucoup, notamment aux Etats-Unis avec Lykke Li, une chanteuse indie pop, elle aussi suédoise. Le duo est approché lors d’un concert par le fameux Jack White du groupe The White Stripes, qui lui propose d’enregistrer une reprise du titre « Universal Soldier » de Buffy Sainte-Marie, chanteuse canadienne, sur son label Third Man Records.

Le premier gros succès du groupe, l’album The Lion’s Roar, sort en 2012. Il est enregistré aux Etats-Unis par Mike Mogis du groupe Bright Eyes, avec qui les deux sœurs collaborent depuis le début de leur carrière. On découvre à ce moment-là une vraie proposition musicale, qui se détache des influences et installe une identité : Des harmonies vocales travaillées, parfois sophistiquées, des mélodies plus riches, une manière de chanter plus grave et des textes qui font voyager. C’est simple, les deux premières chansons « The Lion’s Roar » et « Emmylou » sont des petits bijoux : La première avec une solennité amenée par une rythmique appuyée et la First aid kit late showseconde plus légère portée par un air de slide guitare. Tout est réussi dans cet opus, qui se termine en beauté avec « King of the Wod », un road trip song en duo avec Conor Oberst et surtout « Wolf », ma chanson préférée du groupe, hymne tribal envoûté et envoûtant. Cette même année, First Aid Kit décroche quatre récompenses aux Grammis, l’équivalent suédois des Grammy Awards, comme celles de meilleur artiste et de meilleur album. Le magazine Rolling Stone choisi le titre « Emmylou » pour faire partie des 10 meilleurs singles de l’année.

En 2014, le groupe est signé par le major Columbia et sort l’album Stay Gold, qui est salué par la critique. Maturité, c’est le mot. Tout y est plus dense, plus instrumentalisé, plus prononcé. L’album s’ouvre avec le feutré « My Silver lining », popularisé dernièrement par une publicité de la marque Renault, puis enchaîne les réussites comme « Master Pretender », « Stay Gold » ou « The Bell ». First Aid Kit commence alors à se faire un nom outre-Atlantique et réalise des prestations lors d’émissions comme le Late Show de David Letterman ou le Ellen DeGeneres Show. Le duo remporte une nouvelle fois le titre de meilleur album de l’année lors des Grammis et depuis le groupe parcours les scènes du monde entier. Certains ont, par exemple, pu les apercevoir du côté du festival Cabaret Sauvage en juin dernier.

La recette du succès

Pour moi, First Aid Kit c’est ce parfait mélange entre folk mélancolique et originalité pop. C’est cette sincérité légère caractérisée par des harmonies vocales parfaitement candides. Avec ces mélodies travaillées et accrocheuses et ce côté intemporel, la musique du groupe me touche, car elle me donne l’impression d’avoir été écrite pour moi. Très bien produite, mais surtout très bien écrite, elle rentre dans ma tête pour ne plus en sortir. Alors, je fredonne à longueur de journée ces ballades que j’ai l’impression d’avoir toujours écoutées. Tout ici respire l’authenticité.

Les frangines, avec leur look de hippie sixties n’ont pas l’air de tricher. Cheveux longs, robes colorées et t-shirts vintages nous donnent l’impression d’avoir à faire à deux jeunes filles échappées d’une communauté amish et qui découvrent le monde. Une esthétique visuelle et musicale qui ne ferait pas tâche dans O’brother, ce film inclassable des frères Coen. Cette First aid kit photoatmosphère à base de champs dorés, de vieilles fermes en bois, de banjos et de rituels vaudou. Une sorte de virée express dans le Mississippi ou l’Alabama du temps des slouch hats et des steamboats. Sans oublier que ces deux-là sont de vraies musiciennes. Multi-instrumentalistes, l’une maitrise l’art de l’arpège sur le bout des doigts tandis que l‘autre distille des atmosphères ensorcelantes avec son clavier ou son autoharpe. Je trouve ça incroyable quand je réalise qu’elles comptent déjà 8 ans de carrière et composent des morceaux d’une telle qualité, alors qu’elles n’ont respectivement que 25 et 22 ans.

C’est simple, avec les deux derniers albums du groupe, je tiens des pépites qui me feront planer pendant des dizaines d’années. Bref, vous l’aurez compris, je suis conquis par cette musique ! First Aid Kit achève actuellement sa tournée 2015. Il faudra donc patienter un peu pour les revoir en France. Côté création, le groupe a décidé de prendre son temps pour son prochain album, histoire de faire bien les choses. Il va sans dire que j’attends ce quatrième opus avec impatience !

 

Site : http://www.thisisfirstaidkit.com/
Facebook : https://www.facebook.com/firstaidkitofficial
Youtube : https://www.youtube.com/user/FirstAidKitVEVO